Christian Charrière-Bournazel
Note personnelle pour Monsieur Bernard Pivot
et Madame Anne Béliar
J’ai porté ma première robe d’avocat à l’âge de trois ans (avec toque). Je suis d’une lignée d’avocats de province et porte le numéro 10. Mon fils aîné, avocat au Barreau de New-York, est le onzième. Aucun ne reprend le cabinet du père, mais par une sorte de transmission inévitable, l’aîné de la branche aînée se retrouve avocat. J’y ai longtemps résisté, persuadé d’être fait pour la littérature et pour le théâtre. La langue et les textes des autres sont une de mes ardentes passions.
Acteur amateur, j’ai commencé avec Richard Berry dans la même troupe que lui. Mais l’avocat n’est pas un comédien. Il porte les intérêts d’un autre et ne cherche pas par tous les artifices à faire plus vrai que le vrai. S’il utilise les ressources de la rhétorique et de l’éloquence, il ne le fait pas à la manière des sophistes. Il cultive le beau pour faire atteindre le vrai.
Autant que je puisse en parler, j’ai plaidé en diffamation pour nombre d’hommes publics, de ministres ou de journalistes. J’ai participé, comme avocat de parties civiles, au procès Barbie et au procès Papon. J’ai assisté comme avocat ou comme observateur judiciaire à des procès politiques en Turquie, en Algérie, au Maroc. J’ai effectué des missions d’enquêtes pour la F.I.D.H. en Turquie et dans les territoires occupés de Palestine au moment de la période de l’Intifada. Pour le ministère des affaires étrangères, j’ai fait partie d’une mission d’enquête sur les droits de l’homme en Chine.
Mes auteurs de prédilection : Racine, Voltaire, Hugo, Rimbaud, Proust, Valéry, Bernanos (et Hergé).
Mes musiciens : Bach, Mozart, Schubert et Verdi.
Et j’aime aussi le vin.