Madame et Messieurs les bâtonniers,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil de l’Ordre et du Conseil national des barreaux,
Mesdames et Messieurs les hautes personnalités, Chères consœurs, chers confrères,
Mesdames, Messieurs,
La cérémonie qui nous réunit est l’une des plus chères où il m’aura été donné d’officier. Pas de contresens ! je ne suis pas officier, pas même chevalier. Mais l’amitié qui m’unit à Didier Chambeau, faite d’estime réciproque, est née de combats partagés, d’échecs assumés ensemble, de succès qui firent notre joie commune et dont je lui suis hautement redevable.
Sylvia Zimmermann, remarquable avocate que j’ai côtoyée au Conseil de l’Ordre et au procès Barbie, aujourd’hui doyenne des juges d’instruction de Paris, fut notre trait d’union. Je tiens à lui marquer ma reconnaissance car si j’ai tenu, cher Didier Chambeau, à vous proposer pour l’ordre de la Légion d’honneur quand j’étais bâtonnier, c’est en raison de vos mérites, et non pour payer je ne sais quelle dette. D’ailleurs, si j’en avais une à votre égard, le créancier généreux que vous êtes m’en aurait fait remise depuis longtemps. Non ! Sylvia m’a présenté à vous pour le bien de ma première campagne au bâtonnat. J’ai appris à vous connaître, à vous admirer et à vous aimer. Peu importait alors l’issue de nos batailles : la vie venait de m’offrir un petit frère de plus au point que j’ai sollicité un jour de votre propre mère la grâce de la considérer comme ma mère adoptive.
Elle a dit oui !
J’arrête de parler de nous. Je veux ne plus parler que de vous. Vous êtes né le 4 août 1954 à Paris.
Comme cela vous va bien de venir au monde pour célébrer l’abolition des privilèges ! Et quelle piété fraternelle que d’être né le même jour que votre grand frère Lionel qui n’est plus, votre aîné de deux ans. Votre mère, Rachel, à l’évidence vous y a aidé. Mais pour la taquiner, ce qui ne vous arrive que rarement, vous auriez pu avancer ou différer d’un jour votre entrée en scène. Vous ne l’avez pas fait. Votre frère en a profité pour vous chahuter en vous affublant de l’aimable surnom de « cadeau d’anniversaire ». Vous auriez eu tort de vous en émouvoir puisque, pour tous ceux qui devaient vous connaître, votre naissance était bien un cadeau.
Vous devez à vos parents, Rachel, que je vais beaucoup nommer et Camille, votre père hélas disparu, votre initiation à la vie dans ses formes les plus élevées : visite du Louvre ou du Musée d’Art Moderne chaque semaine, patin à glace tous les jeudis et dimanches matin, patin à roulettes le jeudi après-midi au Trocadéro, le ski à l’âge de quatre ans, le football, le handball, le basket dont vous n’apprécierez jamais que les mi- temps, les cours particuliers de tennis et, dès l’âge de quatre ans, les doigts sur les touches du piano. Tout cela frôlait la maltraitance.
Vous avez adoré le tennis et le ski et vous êtes devenu un magnifique pianiste.
Je comprends pourquoi la paresse n’est pas votre fort : car si j’ai parlé des loisirs, je n’ai encore rien dit de l’école.
Au lycée Turgot, vous avez fait partie de ces élèves d’élite que tout passionne et qui aspirent avec avidité chaque souffle d’intelligence, chaque vent venu d’horizons inconnus qui dilatent l’âme, vous dont les professeurs disaient sur le livret scolaire : « Cherche à s’intéresser par une discussion fructueuse » à l’époque où vous étiez seul à écouter le professeur d’histoire dans une classe de trente-cinq chahuteurs. Ce tourbillon d’occupations, comme vous le nommez vous-même, vous paraissait trop calme. Pourtant, dès l’âge de quatre ans, la demoiselle qui vint s’occuper de vous à la maison et pour vous conduire à l’école vous avait appris à lire puisque vous regardiez avec envie votre frère qui dévorait les livres. Elle ne s’arrêtait pas là : elle vous emmenait faire du patin à glace et vous initiait à la cuisine car elle était aussi douée que vous alliez le devenir. Vous avez gardé pour elle un souvenir pieux. Elle aussi puisqu’elle continue à fleurir la tombe de votre grand frère Lionel.
A l’âge de cinq ans, vous découvrez un piano de marque Schimmel qui vient d’être livré à la maison. Vous aviez déjà vu ce meuble prodigieux chez votre grand-tante Justine, sœur de votre grand-mère. Vous pianotiez avec douceur et respect à chaque fois que vous montiez chez elle, émerveillé – dites-vous – par le son qui en sortait. Et voici son frère jumeau chez vous. Vous vous précipitez pour ouvrir le couvercle. Il résiste. Vous bravez cette résistance avec une force incroyable pour un enfant de cinq ans puisque le couvercle s’ouvre en décollant le placage de chaque bord du clavier, laissant un trou béant à la place de la serrure.
Vous veniez de la briser et d’estropier, en même temps, l’objet de vos désirs. Or, le soir même, le professeur engagé par Camille et Rachel devait venir vous donner une première leçon de piano. Vous redoutiez le pire : Mlle Warmé, c’était le nom du professeur, allait nécessairement vous gourmander. Elle arriva, tirée à quatre épingles des pieds au chignon qu’elle avait blond vénitien. Elle vous fit asseoir sur le tabouret dès qu’elle arriva, en fixa la hauteur, prit votre main avec douceur pour la poser sur le clavier. Vous avez gardé le souvenir de ses mains fines et blanches avec des ongles courts et parfaitement vernis. Elle vous souriait avec bienveillance, sans se soucier le moins du monde des bords du piano fraîchement arrachés ni du trou béant laissé par le verrou que vous veniez de briser. Et cette muse exceptionnelle a fait de vous le pianiste que vous êtes sans que vous ayez gardé le souvenir d’avoir appris le solfège ni les notes : la musique est entrée en vous comme si votre cœur d’enfant l’entendait, comme si vos mains d’enfant y avaient été initiées ailleurs depuis longtemps. Vous jouiez La marche turque à huit ans, Les valses de Chopin à neuf et vous vous êtes produit à dix ans sur la scène de la salle Cortot à l’École Normale avec au programme Mozart et Debussy !
Lorsque Lionel mourra, vous vous réfugierez dans la musique. Vous aviez treize ans et pendant des heures, vous avez joué, joué encore, comme pour apprivoiser la douleur ou la sublimer par ces harmonies désespérées que l’homme envoie des abîmes aux étoiles.
Très naturellement, vous irez de concours en concours, deviendrez le répétiteur de votre professeur à l’âge de dix-huit ans puis professeur au conservatoire de dix-huit à vingt-deux ans. A vingt-sept ans, vous devenez l’un des animateurs des concours de piano dont vous aviez gravi les échelons, organisant les jurys et juré vous-même jusqu’en 1992.
Où alliez-vous trouver le temps de faire du droit ?
A l’époque, il n’en est pas question. Vous avez quatorze ans lorsque vous achetez, seul, votre quart de queue Pleyel à partir d’une simple annonce et grâce à l’avis de votre professeur. Il vous a fallu annoncer à Camille et Rachel que vous aviez vendu le piano droit pour acheter un piano quart de queue. Votre père fut soulagé d’apprendre qu’il ne s’agissait que d’échanger un piano contre un autre, tandis que votre mère se montrait soucieuse de la place qu’il prendrait dans son salon qui ne mesurait que quarante mètres carrés. Vous aviez vous-même fait les frais de cette acquisition grâce aux cadeaux reçus à l’occasion de votre Bar Mitzwah, ce qui montrait déjà votre souci d’indépendance et votre capacité à être financièrement autonome.
Je m’attarde avec bonheur sur l’enfant et l’adolescent que vous avez été et je m’amuse d’une folie qui fait votre charme : alors que vous étiez écrasé d’amour, vous aviez le sentiment contraire. Vos parents ne vous marquaient pas assez leur admiration et ne semblaient pas apprécier leur chance puisqu’ils ne commentaient jamais rien.
Ce sont des malentendus classiques : ils étaient tellement sûrs de vos qualités qu’elles leur paraissaient naturelles. Et vous étiez si émerveillé de les découvrir et de les entretenir, que vous preniez pour de l’indifférence la calme certitude où ils étaient de votre exceptionnelle singularité. Tandis que vous vous disiez : « Ils pourraient au moins me dire quelque chose ! », chacun d’eux se disaient : « C’est normal, c’est mon fils ! ». Vous aviez la modestie de considérer vos réussites comme une grâce. Ils cultivaient une autre forme de modestie : ne pas s’enorgueillir de vous, mais plutôt d’eux-mêmes vos parents !
Sans céder à une tentation d’apprenti-psychanalyste, je ne puis m’empêcher de m’adresser à vous Madame : vous l’aimez autant pour lui-même que pour la joie d’être sa mère ; vous, Didier, avez-vous bien mesuré que vos succès dont elle est si fière pourraient vous faire oublier de lui dire que vous lui devez tout ?
Car Rachel, vous êtes l’archétype de la mère juive et dans ma bouche, c’est un compliment.
Cette autre dimension de la destinée de Didier Chambeau doit être soulignée. Ses quatre grands-parents sont tous nés à Varsovie. Max, son grand-père paternel, est arrivé en 1920 à Paris à l’âge de vingt ans et convaincra quelques frères et sœurs, parmi les dix de la fratrie, de l’y rejoindre. Ceux qui restèrent en Pologne disparaîtront dans l’abomination de la Shoah. Rudolphe Rubinstein avait moins de trente ans lorsqu’il traversa l’Allemagne dans les années 20 pour venir jusqu’en France en 1924. Il y rencontrera une autre polonaise, Zosia Kerpel, mère de Rachel, en 1925. Votre grand-père paternel, naturalisé français très tôt après son arrivée, sera mobilisé en 39, fait prisonnier et échappera à la déportation car personne ne le prendra pour un juif grâce à sa maîtrise de l’allemand. Il pourra revenir fin 40 en France en s’inscrivant lui-même sur une liste des malades qui avaient priorité pour rentrer, se réfugiera aux Sables d’Olonne puis en Vendée, puis dans le Cher, sous de nombreuses identités différentes. Votre père Camille, lui, prit le maquis en 1942 quand il avait dix-sept ans. Dans la Résistance, il portait le nom de Morel et participera à la libération d’Issoudun dans l’Indre.
Quant à vous, Madame, vous étiez la brillante élève du lycée Victor Hugo où vous cumuliez tous les prix sauf ceux du chant et de la gymnastique. Vous habitiez rue du Temple avec vos parents et grâce aux pourboires qu’ils versaient, ils furent tenus au courant par le concierge de l’immeuble dont le fils travaillait dans la police des évènements graves qui se préparaient. C’est ainsi qu’ils purent fuir Paris le soir où devait avoir lieu la rafle du Vel d’Hiv. Personne dans votre famille ni vos amis ne crut le danger qu’il leur annonçait. On imagine hélas leur destin. Réfugiés à Deuil-la-Barre, ils apprirent le 22 juillet que tous les habitants juifs de l’immeuble avaient été arrêtés. De la gare de triage de Villeneuve-St Georges, ils montèrent dans un wagon de marchandises qui les conduisit à Lyon-Perrache. Ils s’y cachèrent entre des caisses d’orange vides, de sorte que les allemands qui contrôlaient les wagons ne les surprirent point. Après Lyon, ce fut Grenoble puis la Suisse où ils furent séparés par la police et volés de leur pauvre petit pécule. Puis, vous, Madame, vous fûtes placée dans une ferme, votre mère employée comme cuisinière et votre père accepta un travail de bûcheron.
Nous n’oublierons jamais cet attachement que vous avez gardé pour votre pays, la France, après ces épreuves inhumaines. C’est aussi la mémoire des membres de vos familles et celle de vos amis disparus qu’honore la distinction que va recevoir Didier.
Cher Didier, comment êtes-vous devenu juriste ? Car vous avez commencé par être faussaire. Parce que vos parents vous semblaient ne pas s’intéresser à vos succès scolaires, vous avez fabriqué une fausse lettre signée faussement du proviseur et faussement approuvée par le censeur, menaçant de vous renvoyer car vous auriez fait partie du comité « rouge », c’est-à-dire le parti communiste. Pour un électrochoc, c’est un électrochoc ! Or, ce à quoi vous ne vous attendiez pas, c’est que dès réception de la lettre, votre mère, notre chère Rachel, se précipita chez le proviseur pour faire un scandale. Le stratagème fut découvert et vous frôlâtes l’exclusion du lycée sans parler d’une éventuelle convocation chez le juge des enfants, puisque vous aviez subtilisé au secrétariat du censeur un papier à en-tête du lycée ! Vol, plus faux.
Et vous n’êtes pas devenu avocat pénaliste ! Grâce à Hervé Cassel, délégué de la classe qui depuis devint avocat, vous avez échappé au pire car il plaida votre cause devant le proviseur, mettant ces deux délits sur le compte d’une simple rébellion familiale. Brillant !
Ce précédent ne vous empêcha pas d’avoir le bac avec mention et votre avenir était réglé puisque votre mère, à l’âge de huit ans, vous avez dit : « Tu seras pharmacien mon fils ». Pourquoi pas médecin ? je l’ignore. C’est vous qui allez décider d’entrer en première année de médecine. Là, Rachel fut vraiment heureuse. Hélas, vous ne supportiez pas la vue du sang. Vous auriez pu devenir psychanalyste. Mais vous avez choisi le droit. Et votre mère eut cette phrase admirable :
« Finalement, mon fils, tu seras médecin du portefeuille ». Vous faites du droit à Nanterre et comme ce n’est pas assez, vous vous inscrivez aux Arts et Métiers pour suivre, les samedis et dimanches, des cours de comptabilité. Vous passerez le DECS, sans pour autant cesser d’être professeur de piano en semaine.
A vingt-six ans, début de votre stage de conseil juridique. Vous allez d’abord dix-huit mois chez un commissaire aux comptes, la société de Mme Louise Come, dont vous dites qu’elle était atypique avec son accent montmartrois, titi parisien par excellence.
A l’heure de son départ à la retraite, vous rachèterez son cabinet en vous endettant pour bien longtemps. Mais le travail ne vous fait pas peur, de 6 heures du matin jusqu’à 21 heures, samedi et dimanche inclus. Vous êtes un des plus jeunes professionnels inscrit à l’ANCJ en 1982 qui deviendra l’ACE. Vous aimez votre indépendance, quoi qu’elle vous ait coûté, et vous découvrez, alors que vous pensiez être le seul conseiller juridique d’une race en voie d’extinction, ayant à la fois une formation solide en droit et un diplôme d’expertise comptable, Pierre Chiffaut Molliard, Alain Gouyot et d’autres qui ont présidé une section jeune à l’ANCJ. Philippe Peyramaure vous donne carte blanche pour faire revivre cette section dans toutes les régions. Vous vous lancez dans cette tâche avec fierté et détermination. Vous en devenez le vice-président sous la présidence de Brigitte Grégoire d’abord. Vous y nouez des liens solides avec Anne Cotty, Jean Charles Krebs, Michel Paradis et Alain Theimer. Vous créez les premières relations avec l’UJA et la FNUJA. Vous devenez président des jeunes de l’ANCJ en 1991, puis, en 1992, le premier président des jeunes de l’ACE naissante. Très naturellement, vous êtes élu sur la liste ACE au premier Conseil national des barreaux où vous siégerez trois ans sous la présidence du bâtonnier Guy Danet, en même temps que Jacques Barthélémy et Jacques Bret dans la commission « formation ».
En 1991, le bâtonnier Jean-René Farthouat vous propose de monter sur un plateau pour débattre de la fusion des professions. Ce fut, en réalité, votre première campagne électorale, non pas que vous soyez candidat. Vous n’avez, jusqu’ici, fait de campagne que pour les autres. Faiseur de bâtonniers, vous ne vous êtes toujours pas présenté au Conseil de l’Ordre. Ce n’est ni indifférence, ni égoïsme. Vous avez horreur de ne pas bien faire ce que vous avez à faire. Vous êtes un avocat au service de ses clients avec une compétence et un dévouement remarquables. C’est la raison pour laquelle le bâtonnier Bernard Vatier, en 1995, vous a demandé de construire un module obligatoire de quarante heures en droit des sociétés. Avec Anne Cotty, Catherine Le Guen, Patrick Roquet, Philippe Rochmann, Alain Theimer et Jacques Mondino. Vous avez assumé pendant cinq années la formation de quatorze séries d’élèves par an, soit de sept cents à neuf cents élèves, grâce à une équipe soudée de dix-huit avocats, en même temps que vous prépariez les sujets du CAPA et la grille de correction avec le concours du professeur Claude Lucas de Leyssac, votre ami.
Lorsque j’accédai moi-même à la fonction de bâtonnier et de président de l’EFB, je vous ai demandé de prendre en charge la trésorerie de l’école à la suite de Philippe Sixdenier. Vous y avez été (et vous y êtes encore) un remarquable gestionnaire des fonds que vous savez ne pas gaspiller, aussi avare des deniers d’autrui que vous êtes généreux des vôtres.
Mais ce n’est pas tout. Vous avez été la cheville ouvrière, toujours admirablement efficace, sans vous mettre jamais en avant, de la charte que j’ai signée avec le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat pour créer l’avocat « généraliste d’entreprise » grâce à un module de formation que vous avez mis au point et que vous animez avec vos amis. Nous avons rédigé ensemble une convention pour que, avocats de proximité, ces hommes et ces femmes, formés à la petite entreprise, aillent en missi dominici, comme le font les comptables, chez les commerçants et les artisans pour leur apporter, au mois le mois, et davantage s’il le faut, moyennant un honoraire modique, le concours en droit dont ils ont besoin.
Comme si tout cela ne suffisait pas, vous êtes en même temps un critique gastronomique avisé : enquêteur des guides Pudlo Paris et Pudlo France depuis 1995, vous êtes membre de l’Association professionnelle des chroniqueurs et informateurs de la gastronomie et vous êtes un guide précieux pour vos confrères grâce aux articles que vous faites paraître aussi bien dans la revue de l’Association des avocats conseils d’entreprises que dans la revue Avocats Paris. Mais vous n’êtes pas un goinfre : vous êtes un esthète, disant que votre grand plaisir, vous le prenez à la lecture d’une carte ou d’un menu, avant même de goûter aux plats que vous choisissez.
L’artiste que vous êtes, au meilleur sens du terme, quand vous vous mettez au piano ou que vous commentez un restaurant que vous avez testé, est en même temps le plus efficace et le plus consciencieux quand il dispense au quotidien ses conseils aux entreprises de toute sorte.
Enfin, vous tenez, comme moi, à ce que j’évoque ici votre ami, votre frère, Patrick Roquet, élu en novembre 2000 au Conseil de l’Ordre. Il lui fallait quitter la présidence de la Compagnie des avocats-conseils d’entreprise d’Île-de-France fondée en 1876, après avoir été membre fondateur de l’ANCJ dont l’un des présidents fut René Coty, le président de la République. Vous lui avez succédé en décembre 2000, avant qu’il ne nous quitte en juin 2001. Vous avez tenu à ce que je dise que cette légion d’honneur que va vous remettre Mme Christiane Féral-Schuhl aurait fait son bonheur et sa fierté. J’en suis personnellement certain.
Vous m’avez fait le plaisir et l’honneur de me demander d’évoquer devant vos amis, ceux qui vous aiment, ceux qui vous estiment, et votre famille, votre magnifique existence.
Manque à notre réunion votre petit frère Xavier, de quinze ans votre cadet, dont vous m’avez souvent parlé avec toute l’affection que vous avez pour lui, qui a souffert par la mort de Lionel, trop jeune lui- même pour ne pas être quelque peu dominé par votre magnifique destinée. Qu’il lui soit rapporté au moins que vous l’aimez de tout votre cœur.
Voilà l’hommage que je tenais à vous rendre. Puisse-t-on ne pas me reprocher de m’être trop impliqué moi-même dans cette évocation. Peu importe, puisque rien ne m’empêchera jamais de vous dire, entre nous comme en public, que Geneviève, ma femme, tous nos enfants, tous vos amis et moi-même vous aimons de tout notre cœur.
Christian Charrière-Bournazel