Madame le bâtonnier,
Monsieur le bâtonnier désigné,
Monsieur l’ancien bâtonnier,
Votre lettre du 21 mai n’est acceptable ni dans sa forme ni sur le fond.
Le débat sur l’organisation professionnelle est ouvert depuis des mois et a fait l’objet de débats en assemblée générale, de retours vers les mandants des membres du Conseil national des barreaux, d’un rapport du bureau du CNB dans lequel figure la position de l’Ordre de Paris.
Mme le bâtonnier a demandé que sa position soit davantage développée. Elle a envoyé un texte en ce sens et le rapport a été complété. La délibération prise par l’Ordre des avocats de Paris, le 11 septembre 2012, figure en annexe au rapport qui a été distribué à tous les membres du CNB afin qu’elle fasse partie de la discussion.
Il est donc particulièrement déplacé de m’écrire que je ne serais « pas légitime à ne pas tenir compte du vote exprimé en novembre 2011 par 7000 avocats parisiens » puisque la position exprimée par nos confrères fait partie du débat ouvert au CNB.
Je ne puis accepter de lire sous votre plume que j’aurais délibérément et unilatéralement écarté de l’ordre du jour les propositions du barreau de Paris. Aucun de vous trois ne peut sérieusement affirmer que je n’ai pas loyalement servi le barreau auquel j’ai le bonheur d’appartenir, dont j’ai eu l’honneur d’être le bâtonnier pendant deux ans et qui m’a fait la grâce de me réélire à son conseil de l’Ordre à la majorité absolue au premier tour en décembre 2012.
Je ne puis vous laisser dire que la voix du barreau de Paris n’est pas entendue au CNB alors qu’il y est représenté à la fois par les représentants de son Ordre et par les autres élus parisiens du collège général.
Je ne puis non plus vous laisser dénoncer un prétendu manque d’unité à l’heure où précisément vous avez décidé de suspendre votre participation aux travaux du CNB !
Dois-je rappeler que si vous, Mme le bâtonnier, figurez comme vice-président de droit au bureau du CNB, avec le président de la Conférence des bâtonniers, c’est parce que j’ai personnellement, pendant mon mandat de bâtonnier de Paris, décidé de me faire élire moi-même au CNB pour y impulser une réforme destinée à renforcer l’unité de notre représentation ?
Le débat sur l’organisation professionnelle est une question sérieuse qui ne sera pas réglée en vingt-quatre heures ni au cours de la prochaine assemblée générale. Personne ne discute l’importance du barreau de Paris. Personne n’a le droit non plus de mépriser les trente-trois mille avocats répartis dans les cent soixante autres barreaux. Je ne vois que des avantages à soumettre à un référendum les questions relatives à l’organisation professionnelle, à la condition que ces questions aient été définies et c’est l’objet de l’assemblée générale des 24 et 25 mai prochains.
Rien ne vous autorise à dire, par conséquent, que la voix du barreau de Paris ne sera pas entendue. Je crains de comprendre qu’en réalité, hors la réforme proposée par le rapport Castelain, le conseil de l’Ordre de Paris a l’intention de ne s’associer à aucune réflexion sur l’avenir de l’organisation professionnelle.
Le Conseil national des barreaux est un lieu de confrontation, de discussion et d’échanges. Il ne sera pas, sous ma présidence, un organe destiné à ratifier les dictats de telle ou telle de ses composantes.
Je vous demande donc de revenir sur votre position afin de ne pas porter la responsabilité d’une fracture irréparable entre Paris et la province.
Ma présente réponse sera rendue publique comme vous l’avez fait pour votre lettre avant qu’elle ne me soit parvenue.
Je vous prie de croire, Madame le bâtonnier, Monsieur le bâtonnier désigné, Monsieur l’ancien bâtonnier, à l’assurance de mes sentiments confraternellement dévoués.
Bâtonnier Christian Charrière-Bournazel Président du Conseil national des barreaux |