Le président du Conseil national des barreaux (CNB), Christian Charrière-Bournazel, a menacé jeudi d’appeler les avocats à faire grève si ces derniers, «exaspérés» par différents projets gouvernementaux qui les «prennent pour cible», n’étaient pas entendus d’ici à la rentrée.
Le «mépris» de Hollande et Taubira
«Nous avons le sentiment d’être la cible ou les laissés-pour-compte des réformes du gouvernement. Le sentiment qui se dégage de cette première année du président Hollande et de la garde des Sceaux Taubira, c’est une sorte de mépris, de défiance à l’encontre de la profession d’avocat», a déclaré Me Charrière-Bournazel lors d’une conférence de presse.
«Si je ne suis pas entendu, j’ai demandé aux bâtonniers de France de signer une pétition et nous nous ferons entendre dans la rue. Et s’il faut nous ferons grève», a prévenu l’avocat. «Dès la rentrée de septembre, nous serons mobilisés», a-t-il promis, «trop c’est trop, nous n’en pouvons plus».
Le projet de la loi sur la transparence en cause
Le représentant des 56 000 avocats de France s’en est pris au projet de loi sur la transparence adopté à l’assemblée, dans le cadre duquel il avait été envisagé un temps d’interdire aux parlementaires la profession d’avocat d’affaires.
«Lorsqu’on a eu la révélation qu’un ministre de la République, médecin de son état, aurait été un fraudeur fiscal, c’est aussitôt contre les avocats que le gouvernement a projeté de faire voter une loi qui leur aurait interdit de devenir parlementaire, comme s’il y avait une sorte d’incompatibilité entre les deux», a dit l’avocat.
Le texte adopté par l’assemblée interdit finalement aux parlementaires les activités de conseil, sauf pour les professions réglementées comme les avocats par exemple.
Une comparaison avec «l’URSS»
Me Charrière-Bournazel a ensuite critiqué la loi sur la sécurisation de l’emploi, promulguée en juin, accusée de tenir les avocats en dehors des négociations sur les accords de restructuration en entreprises.
Il a aussi pointé, pêle-mêle, «l’instauration d’actions de groupe au rabais» dont les «avocats sont écartés», une «réforme fiscale extravagante et dangereuse» qui favorise la délation, le financement de l’aide juridictionnelle qui est une «injure» aux avocats.
Le président du CNB a enfin critiqué le fait qu’on «retire à la justice classique toute une série de litiges» en matière de «divorce, protection des mineurs, surendettement». Pour lui ces réformes font rentrer la France dans une «société bureaucratique avec officine», qu’il compare à «l’URSS où il fallait aller voir des comités de quartiers» pour régler un litige.